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L’église Notre Dame de l’Assomption

 Église « Notre-Dame de l’Assomption » d’Aillon-le-Jeune

 

L’église Notre-Dame de l’Assomption de style néo-roman et datant de 1806, est construite au carrefour de la route qui mène à la chartreuse d’Aillon et de celle qui monte au col des Prés.

Histoire:

          C’est la paroisse la plus récente du canton du Châtelard, puisqu’elle n’a été créée qu’en 1804 et l’église de l’Assomption en 1806. En 1809 l’église est bénie par le Révérend Dejeon, curé du Châtelard sous le ministère de Laperrière, premier prêtre de cette paroisse.
     Les visites pastorales du XIXéme siècle soulignent le style de la nef « surmontée d’un plafond cintré produisant l’effet d’une voûte ; le chœur aussi est voûté ». Lors de la visite de Mgr. Bigex, du 27 septembre 1825, le premier mobilier est mis en place. «Outre le maître autel convenable, il y a deux autels latéraux, l’un sous l’invocation de Notre-Dame du Rosaire du côté de l’Épitre, l’autre sous celle de Saint Antoine du côté de l’Évangile. Ils sont pourvus l’un et l’autre d’un retable et d’une pierre sacrée». L’église est dotée d’un confessionnal et de fonts baptismaux. Deux confréries sont érigées : celle du Saint Sacrement et celle de Notre-Dame du Rosaire ; -Mgr. Billiet y joindra la confrérie du Sacré-Cœur, en1841,et celle de Notre-Dame des Carmes, en 1870-.
     Cependant vingt ans après sa construction le bâtiment souffre déjà de dommages importants, puisque Mgr. Martinet indique, le 9 mai 1834, que « le chœur en particulier présente peu de solidité. On y remarque des lézardes en plusieurs endroits et assez considérables pour s’assurer par un homme de l’art … des fondations. Le chœur pourrait être reconstruit en entier ». Dans ces conditions il n’est pas possible de faire [a consécration de l’église. Il n’est d’ailleurs plus question de cette cérémonie par la suite, dans les archives paroissiales.
     De 1836 à 1841, s’échelonnent des travaux de réfection nécessaire comme « la charpente de la nef qui est reconstruite à neuf,, en I84I ». Mais le bâtiment subit, en 1842, de plus graves dommages encore, car « l’an 1842 et le 7 du mois de septembre, sur les onze heures du soir, un affreux incendie a réduit en cendres tout le village de Montpellaz, chef-lieu d’Aillon-le-Jeune… L’incendie s’est propagé à une telle rapidité que dans moins d’une heure tout le village a été embrasé. L’église n’a pas été épargnée. Le chœur qui était couvert en ardoise, la nef dont la charpente avait été refaite à neuf l’année précédente et qui était provisoirement couverte en chaume, le clocher qui était couverte en bardeau, tout est devenu la proie des flammes ; le plafond de la nef en forme de voûte demi-cylindrique a été endommagé et troué en plusieurs endroits. Cependant le feu n’a pas pénétré à l’intérieur et des deux cloches qui étaient au clocher, seule la petite a fondu au fond de la tour sans qu’on ait pu la retirer du brasier ». Il faut tout remettre en état.

     Mais à quelque chose malheur est bon, puisque l’église bénéficie en plus des travaux et réparations, d’une décoration appréciée. « L’église que nous avons trouvée, en 1844, dans un triste état de délabrement, suite au funeste incendie de 1842, a reçu depuis lors une restauration presque complète. On a refait le plafond de la nef… On a consolidé le mur du nord par des contreforts bien établis. On a donné une teinte générale à l’intérieur de l’édifice ; les peintures de décoration qu’on a faites au chœur et au maître autel sont bien concertées a de bon goût…». -Visite pastorale de Mgr. Billiet, du 13 juin 1850-. Cette décoration est réalisée par François Mucengo et « une coupole à neuf» est mise en place, en1846.
     Pour compléter la décoration, en 1855, c’est toute l’église qui est « blanchie et ornée de peintures assez convenables ». Le 1er juin 1857, cette décoration s’achève avec l’érection du chemin de croix par Marie-Joseph Mabloux, missionnaire de Saint François de Sales, du diocèse d’Annecy.
Il restait à faire une « petite cloche », en 1858, pour la placer à côté de la deuxième qui n’avait pas fondu lors de l’incendie. Mais ce sont, en réalité, deux cloches nouvelles qui sont bénites par le révérend Besson curé d’Arith.
     « Le parrain de la première, qui pèse 665 kg a été Rd. Joseph Baulat, curé de La Compôte, et la marraine Joséphine Marguerite Ginollin, tous les deux natifs d’Aillon-le-Jeune. Le parrain de la seconde, qui pèse 234 kg, a été Jean-François Gény, vicaire d’Aillon-le-Jeune, et la marraine Franceline Léonie Trépier, née Chenal, habitant Paris. On été présents à la cérémonie Mrs Armand curé d’Aillon-le-Vieux, Mauris curé de Leschaux, Thomasset curé de Lescheraines et Blanchin curé du Noyer.
En foi de quoi Emin curé d’Aillon-Je-Jeune le I2 juillet 1859.
Nota : les cloches viennent de chez Beauquis fondeurs ».

          C’est un autre prête de la paroisse, E. Gény, qui réalise, en 1875-1876, l’agrandissement de l’église avec deux nouvelles chapelles latérales. Pour ce faire, on construit de toute pièce un transept qui donne le plan définitif à l’église, celui de croix latine. Les deux autels sont réalises par les ateliers Tornichon, marbrier sculpteur à Grenoble et les statues de chez Monteillet, à Lyon.
     Outre ces deux autels de marbre, l’église s’enrichit d’un mobilier nouveau: une chaire dans le chœur (coût 600 francs) et deux confessionnaux (pour 200 francs), travaux du même menuisier, -L. Grattier, d’Entremont-le-Jeune-. Acquisition jugée de « bon goût » par Mgr. Pichenot, mais le style de l’église semble surprendre l’évêque : « Aspect agréable mais en dehors des classifications architecturales »
     Des vitraux, qui embellissent le bâtiment, sont réalisés dans un premier temps par Barrelon, peintre verrier à Grigny(Rhône). C’est l’abbé Trépier, originaire d’Aillon et aumônier de l’hôpital militaire, qui offre le vitrail de saint François de Sales, avec ses armoiries, et le prêtre de la paroisse, C. Dumoulin, qui offre celui de saint Pierre Apôtre, pour être placés dans le chœur, jusqu’à nos jours (coût 600 francs). Dans un second temps, l’église complète ses verrières à personnages en acquérant, en particulier, le vitrail du baptême du Christ par “Jean le Baptiste”, commandé à G. Dufêtre de Lyon en 1889 (pour 135 francs) et celui de saint Michel.

          Les vingt dernières années du XIXéme siècle apportent des richesses artistiques supplémentaires à Notre-Dame de l’Assomption. Le 27 janvier 1879, un tableau représentant “l’Invention du Rosaire par saint Dominique, avec cadre doré (prix : 210 francs)..
En 1882, grâce à dix-neuf paroissiens, un lustre (à 250 francs) est placé dans l’avant chœur. À cette date, candélabres et chandeliers de différentes hauteurs (1 m, 0.82 m, 0.55 m …) décorent les gradins des trois autels. Mgr. Leuillieux relève d’autre part, dans la sacristie, « un beau meuble à la fois élégant et commode » et en 1885, « un beau calice en vermeil, un ostensoir doré, deux ciboires ainsi que des linges et ornements qui se distinguent par leur richesse ». En 1889, pour achever de meubler son église, le prêtre d’Aillon achète de ses propres deniers deux appuis de communion (325 francs) et une balustrade pour les fonts baptismaux (144,50 francs). Son successeur, Chanvillard, fait décorer le chœur de l’église, en 1898, par Salvati, peintre du Tessin, c’est-à-dire quarante-deux ans après les premières peintures.

          Le XXéme siècle s’ouvre, le l0 mars 1906, par un inventaire des biens de l’église, réalisé par Plan, percepteur à Lescheraines et ce malgré la protestation ecclésiastique.
     C’est en 1930 qu’a lieu la dernière restauration intérieure de l’église d’Aillon-le-Jeune. L’abbé Constant, après avoir critiqué les municipalités « négligentes depuis l905», brosse un tableau sombre de l’état de l’église : lézardes, gouttières, plâtre tombé du plafond… Il ouvre une souscription paroissiale à partir du 15 août 1929. Heureux de la somme recueillie, -25.527 francs-, le bon prêtre ajoute que « ce magnifique succès, en moins de neuf mois, est du à l’intervention manifeste de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, sous la protection de laquelle avaient été placés les travaux de restauration… » ! Il reçoit également 5.000 francs d’un ami, Jean Combes.
     La réalisation de l’ensemble du projet, -réfection des voûtes, remise à neuf de l’église et complète décoration-, est confiée à Charles Mantilleri. Cet entrepreneur, aidé de Muno d’Annecy spécialiste des voûtes, a peint dans le canton, outre Aillon-le-Jeune, Bellecombe-en-Bauges et École-en-Bauges. Tandis que d’âpres négociations opposent Mantillerià l’abbé Constant pour ramener le prix du devis de 55.000 francs à 50.000 francs, l’architecte Tercinet, de Sallanches, renonce à ses honoraires « pour le bien de la paroisse ». On peut noter la générosité du conseil municipal, qui donne 35.000 francs. Le curé complète ces informations en indiquant le 8 mai 1930, «au moment où nous écrivons ces lignes et où nous allons sceller la bouteille qui les préservera de l’injure du temps et portera aux générations futures le souvenir de cette restauration de 1930, les voûtes s’achèvent »

          En complément, un nouveau Chemin de Croix, une peinture de l’Assomption sur la coupole du chœur, une statue de la Vierge, offerte par le Révérend prieur de Tamié et des stalles, ornent le bâtiment.
          Chemin de Croix [Atelier Gremaillère (Annecy)]                   1.950 nf
          Peinture de l’Assomption [Atelier Mantilleri (Cruseilles)J    600 nf
          Stalles [Atelier Armenjon (au Villaret)]                                    800 nf
          Statue de la Vierge (venant de Tamié)                                   200 nf

          Enfin l’église Notre-Dame de l’Assomption connaît les dernières réparations, en 1962, à l’extérieur pour la toiture et le clocher « dont la fine pointe penchait dangereusement et que l’on craignait de voir s’abattre sur la route ». C’est l’architecte Serraz, de Montmélian, qui dresse le devis et l’entrepreneur Aimé Berthier, de Betton-Bettonet -charpente, couverture, zinguerie-, qui est chargé des travaux
     Le montant des réparations s’élève à 35.27CI,22 f, auquel il faut ajouter les devis de maçonnerie de 9.241,22 f, représentant un total de 44.511,44 francs.
     Ces dernières années les dépenses ont été modestes pour des aménagements mineurs mais utiles aux paroissiens, par exemple, en 1981, une horloge à quartz (10.701,60 nf) et une remise en service de la sonnerie électrique des cloches (1.255 nf), en l’an 2000.

Description:

          À l’extérieur, la façade se compose de deux parties différentes: la partie supérieure, recouverte d’un enduit, découpée par une baie vitrée en plein cintre et surmontée d’un oculus; la partie inférieure, la plus belle, composée de pierres de taille. La porte d’entrée est en noyer sculpté et mouluré.
     La frise porte l’inscription: « UMBERTUS COMES III » (Humbert III Comte), qui rappelle les fondations faites par ce prince de Savoie en faveur des Chartreux. Au-dessus de la corniche, la niche en plein cintre, abritant la Vierge, reprend exactement le même agencement des pierres que celui de l’encadrement de la porte.
     Toute cette façade est composée, non seulement des pierres de l’ancien portail du couvent des Chartreux, mais aussi de la porte de bois, datant de 1670, pourvue d’un judas, qui permettait aux Chartreux de découvrir le visiteur. La niche, au-dessus de la corniche, est plus ancienne encore, datant de 1646.
     Les murs latéraux sont percés de trois baies cintrées et les pierres des contreforts proviennent aussi de la Chartreuse. A gauche du chevet hémicirculaire le clocher, restauré en 1962, ne comporte aucun élément décoratif particulier. Il abrite deux cloches.
     A l’intérieur, la seule nef voûtée en berceau, avec arcs doubleaux, est longue de 25,3,2 m et large, au niveau du transept de 19,52 m. Le chœur est surmonté d’une coupole en cul de four.

     Le maître autel est en maçonnerie peinte façon faux marbre, surmonté d’une statue de la Vierge, avec sur le devant une estrade de bois marquetée. Les deux autels latéraux, de la Vierge et de saint Joseph sont, eux, en marbre blanc, avec porte de tabernacle en bronze, entourée de deux colonnes carrées en marbre veiné, rose et rouge.
     La chaire est en noyer verni, avec motifs floraux sculptés en applique sur panneaux.
     Les fonts baptismaux sont en pierre, sur socle, avec une cuve rectangulaire fermée par un couvercle de bois portant une croix. Ils sont entourés par une balustrade en fer forgé.
     Subsistent la table de communion composée de balustres en fonte; un confessionnal, en bois ; trois bénitiers dont deux à l’extérieur sur la façade et un bénitier en marbre beige avec cuve sculptée à l’entrée ; au-dessus, la tribune est à balustrade en fer forgé.
     L’originalité du mobilier concerne les marqueteries des planchers au pied des autels.

     Des peintures murales décorent le chœur, les premières, datant de 1846-1847, exécutées par Mucengo, originaire de Sostegno, -province de Bullaz, en Italie-; les secondes, de 1930, réalisées par Charles Mantilleri, en particulier la peinture murale de l’Assomption de la Vierge, entourée d’angelots et d’anges, dans la coupole. Les tableaux du chemin de croix datent de 1930.

     Huit vitraux sont à médaillons, dont celui de la Vierge, de saint François de Sales, saint Bruno, sainte Catherine d’Alexandrie. D’autre part, deux grands vitraux représentent le Baptême du Christ, au-dessus des fonts baptismaux, et saint Michel derrière la tribune, -signé G Dufêtre, Lyon-.

     En sculpture, trois statues sont en bois doré et représentent sainte Philomène, saint Joseph et la Vierge. Cinq autres honorent sainte Thérèse le curé d’Ars, saint Antoine et encore la Vierge (deux statues). A noter également la présence d’un beau crucifix.

     Dans la sacristie, en dehors du beau meuble en noyer, on peut citer: une gravure de Notre-Dame du Perpétuel Secours ; des gravures bordées d’un cadre correspondant au premier Chemin de Croix et un tableau du Sacré-Cœur.

     Ce qui rend attachant toute l’église d’Aillon-le-Jeune c’est l’ancienne présence des Chartreux, sensible à travers l’architecture et l’ameublement.

[Texte Françoise Dantzer]

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